Depuis 1427,
six familles et 1001 histoires
En printemps 2017, Blanche et Olaf Mühlmann, artistes et designers, acquièrent le Manoir de Goaz Froment pour s’y installer et sont les sixième propriétaires du domaine. En 2020, ils achètent le terrain et la ruine de l’ancienne chapelle Saint Fiacre à 600 m du manoir pour la réintégrer au domaine. Ils découvrent l’histoire de leur manoir en consultant des différents ouvrages, édités soit par l’Inventaire de la région Bretagne ou par les passionnés de l’histoire locale.
Le Manoir de Goaz Froment, situé aujourd’hui sur la commune Le Vieux-Marché (jusqu’en 1866 à Plouaret), est chargé d’histoire par son passé seigneurial et l’exercice de la Basse Justice.
L'édifice Renaissance actuel a été re-construit par Yves Le Bœuf entre 1598 et 1601 à l'occasion de son mariage avec Augustine Cariou de Goasven. Ses origines remontent à 1427 selon les montres à Tréguier.
Il comporte des dispositions et éléments stylistiques datables de la fin du 16e siècle emprunt d'une relative modernité : volume, distribution, escalier rampe sur rampe contenu dans une tour faisant pavillon central, gabarit des fenêtres, portes d'entrée monumentale en arc plein cintre ornées de colonnes et de pilastres et surmontées chacune d'un fronton triangulaire au décor Renaissance...
La porte principale débouche sur le vestibule et la porte secondaire s'ouvre directement sur la salle basse, l’ancienne salle de justice.
Des propriétaires de la seigneurie, on connaît, selon les sources “Nobiliaire et armorial de Bretagne” : Le Bœuf, seigneur de Goasfroment et de Kerminihy, paroisse de Plouaret. Yves Le Beuff, fils d’Alain, épouse avant 1535 Marie Taillart.
Yves Le Bœuf (Le Beuff) (1569-1648) épousé en 1600 Augustine Cariou de Goasven (1570-1633).
Leur fils : François Le Bœuf (vers 1620-1696) a épousé d’abord Julienne Rospabu et ensuite Françoise Coupé.
Julienne Le Beuff est le 5 août 1696 marraine d’une cloche de la chapelle saint Fiacre qui se trouve 600 m du manoir. Cette chapelle n’a pas trouvé un acquéreur après la Révolution et elle est en ruine aujourd’hui.
François Le Bœuf, notaire, est dit "écuyer" et seigneur de Goaz Froment au 17e siècle. Ses armoiries sont "de sable à un rencontre de bœuf d'or, accompagné de huit molettes (petit meuble en forme d'étoile évidée) de même, 3. 2. 3." ("de sable a une teste de boeuff d'or accompagnée de mollettes d'esperon sans nombre aussy d'or, mieux de sable semé de mollettes d'esperon d'or a la rencontre de boeuff de mesme").
Au milieu du 18e siècle, les terres passent dans les mains de Louis Julien Le Lay de Kerverzio puis de Yves Marie Le Lay de Kermaben.
Saisi puis vendu comme Bien National, le manoir est acquis en 1794 par Jean-Baptiste Juste (grand-père de Charles Le Goffic). Né à Versailles en 1746, cet ancien militaire des gardes françaises qui avait servit sous les ordres de Gilbert du Motier, marquis de La Fayette, est "maître de Poste" à Lannion en 1784.
Le marquis de La Fayette aurait séjourné trois mois au manoir de Goaz Froment en automne 1801.
À partir de 1806, la famille de cultivateur Le Guen occupant les terres et restent en leur famille pendant 200 ans. Ensuite, pendant douze ans, par les frères Christian et Didier Kulig.
En printemps 2017, Blanche et Olaf Mühlmann, artistes et designers, acquièrent Goaz Froment pour s’y installer et sont le sixième propriétaire du domaine. Le 29 juillet 2020, ils achètent le terrain et la ruine de l’ancienne chapelle Saint Fiacre à 600 m du manoir pour le réintégrer au domaine.
En 2020, Blanche et Olaf font appel au architectes lannionais Atelier Rubin pour agrandir la cuisine du manoir. Dans les années 1970, une partie du bâtiment Maison du four a été démoli et laissé un trou entre le manoir et la maison. L’agrandissement permet de retrouver un équilibre visuel du manoir avec ses dépendances et recréé une unité de l’ensemble.
Sources
Partiellement d’après l’Inventaire du patrimoine culturel en Bretagne
Armoiries des familles Le Beuff et Le Lay : Carte du nobiliaire de la province de Bretagne
(Par Jacques Chevillard, Bibliothèque nationale de France)
Bibliographie pour aller plus loin :
Christel Douard et Jean Kerhervé, Manoirs Une histoire en Bretagne,
Éditions Locus Sous, Châteaulin, 2021. [p. 174]
Jean-Louis H. Dupré, Le manoir du Traou en Le Merzer,
Auto-édition, Imprimerie de Guingamp, Guingamp, 2003. [p.123-131, couv. IV]
Alain Le Nedelec, Vie de Château d’Armor en Argot,
Éditions L’écho, PointCom Ploumagoar, 2010. [p. 302-305]
Université du temps libre des Côtes-d’Armor, La Poste aux chevaux en Côtes-d’Armor, Les Presses Bretonnes, Saint Brieuc, 1991. [p. 221-233 : Lannion: Le fils du gondolier Jean-Baptiste Juste — troisième propriétaire, Lafayette…]
Christian Kulig et Patrick Worthington, Châteaux et Manoirs, Éditions Trésors du Trégor, Saint-Thonan, 2013 [p. 24, 33, 243, 256] et 2020 [p. 12, 26, 35, 253, 255]
Christian Kulig, Regard sur les épis de faitage en Côtes-d’Armor, Éditions Anagrammes, Perros-Guirec, 2009. [p. 10, 52]
Yves Ollivier, La seigneurie de Kermaben en Plouaret (22),
Y. Ollivier, 2005. [p. 51-56, 62, 63;
Généalogie de la famille Le Beuff — premier propriétaire : p. 208-213;
Louis Julien Le Lay — deuxième propriétaire : p. 62, 63,…]
Sites internet pour aller plus loin :
Inventaire du patrimoine culturel en Bretagne (Région Bretagne)
OP : plateforme ouverte du patrimoine (ministère de la Culture)
Télé-Trégor : Le Manoir de Goaz Froment (vidéo de 11’01 tourné en 2013)
Manoir Renaissance Trégor, Bretagne
Côtes de Granit Rose
Trégor Pays d’Art et d’Histoire